[Interview] Comment Saint-Pierre Institut a réduit ses déchets grâce à la solution UpCycle ?
Comment avez-vous lancé ce projet et pourquoi vous êtes-vous tourné vers UpCycle ?
Laurent Georges La genèse du projet remonte à la première élection des éco-délégués, il y a environ quatre ans. Les élèves nous ont questionnés sur les mesures prises par l’établissement en ce qui concerne les déchets alimentaires, le recyclage des canettes ou des ordinateurs. C’est ainsi que nous avons entamé une réflexion d’ensemble autour de l’avenir de nos déchets. À vrai dire, la visite de l’Institut national de l'audiovisuel à Bry-sur-Marne nous avait déjà donné l’idée d’installer un composteur dans l’établissement. L’INA utilise UpCycle et a une consommation à peu près équivalente à la nôtre : 2 000 repas par jour sur site. C’est comme ça que l’on a découvert cette solution assez révolutionnaire.
« Nous nous situons dans la moyenne nationale. Mais force est de constater que le taux de gaspillage alimentaire à la maison, comme dans les établissements scolaires, est alarmant. » Eric Delmas
Eric Delmas Saint-Pierre Institut compte 3 000 élèves et 300 adultes. Par jour, nous servons 2 000 repas pour des élèves de la maternelle au lycée (et même post-bac), ainsi que pour le corps professoral. Il y a 3 ans, nous avons constaté que sur environ 500 grammes de repas servis par plateau, nous jetions presque 130 grammes de déchets, soit l’équivalent de 18 tonnes de déchets par an. Pour remédier à ce problème, l’établissement nous a demandé de réfléchir à une alternative éco-responsable qui valorise nos déchets. Et d’un commun accord, nous nous sommes tournés vers la solution UpCycle.
Comment fonctionne UpCycle ?
Eric Delmas Tous les biodéchets que nous déposons dans le composteur sont collectés. Et en fonction de leur composition, UpCycle définit la meilleure façon de les traiter. Grâce à notre machine installée dans un espace extérieur couvert, nous obtenons du compost en huit semaines. Mais comme la matière obtenue est très chargée en azote, on laisse maturer le compost huit semaines supplémentaires. Un processus naturel de compostage prend environ 1 an. Avec UpCycle, 16 semaines suffisent. Dès lors, le compost est prêt à être distribué ou utilisé sur place.
« Ce qui a fait la différence et a motivé notre choix, c’est la possibilité de recycler tous nos types de déchets alimentaires. » Laurent Georges
Cette solution permet de gérer la totalité des déchets alimentaires, y compris les féculents, qui représentent 50 % de nos biodéchets – et la viande qu’on ne peut pas jeter dans un composteur classique. De manière générale, il n’y a que les déchets verts et crus qui peuvent être compostés sans répondre à des besoins spécifiques. Dans la restauration collective, ça équivaut aux crudités, aux fruits et aux déchets d'épluchage, soit à peine 10 % de nos déchets alimentaires.
Que devient votre compost ?
Eric Delmas Nous avons créé un enclos, à quelques mètres du composteur, sur un espace vert où l’on vide le compost. Ce qui n’est pas distribué repart naturellement à la terre. Nous avons pour projet d’ouvrir la distribution de compost aux parents d’élèves, une à deux fois dans l’année. Mais malheureusement, en l’état actuel, nous ne produisons pas assez de compost. L’appareil ne fonctionne que pendant les jours de cours, donc 32 semaines par an.
Pour leurs plantations à la maison, le personnel vient directement se servir dans cette zone ! Il y a aussi un petit potager d’intérieur que j’ai créé en salle des professeurs avec des herbes aromatiques.
Laurent Georges L’établissement est aujourd’hui entouré de huit hectares d’espaces verts. On utilise le compost sur toutes nos plantations et pour l’entretien du parc. On attend la certification de notre compost haute qualité pour le distribuer en dehors de l’établissement.
Comment UpCycle vous a aidé à passer de 130 grammes à 70 grammes de déchets alimentaires par plateau ?
Eric Delmas Pour valoriser et composter les déchets alimentaires, nous devons les peser et les trier. La pesée est essentielle pour suivre notre production de déchets et ajuster la recette du composteur. Forcément, cela entraîne une prise de conscience collective : on ne se rend pas forcément compte que l’on peut jeter 100 kilos de déchets tous les jours. Puis, il s’agit aussi de bien organiser le tri en zone de distribution, de plonge et de production entre les biodéchets et le non-alimentaire.
« Pour réussir, les établissements scolaires doivent sensibiliser au gaspillage les équipes et les convives. » Eric Delmas
L’objectif, c’est qu’à la fin du repas, tous les aliments choisis par les enfants soient consommés. Du côté de la production, on favorise la production à la minute. Et pour ne pas avoir d’excédents, on sensibilise aux quantités servies dans les assiettes. C’est en faisant attention à tous ces points que l’on peut se retrouver sur un service au self à 1 200 couverts et ne jeter que 300 grammes de carottes râpées et trois morceaux de poisson. On optimise ainsi la production car en gérant nos déchets, on gère mieux nos achats.
Comment sensibilisez-vous les élèves au tri ?
Eric Delmas Je suis intervenu de nombreuses fois en primaire pour expliquer aux élèves pourquoi trier et comment le faire. Le processus de tri des déchets commence par le parcours plateau en cuisine et finit au composteur.
« Je me suis vite rendu compte que même ceux qui ne mangent pas au self étaient curieux de découvrir la machine de compostage. » Eric Delmas
Pour sensibiliser les collégiens et les lycéens, les éco-délégués m’ont aidé. On a pu non seulement leur parler de l'impact du gaspillage sur l’environnement, mais aussi du fait qu’il n’y avait plus besoin de camions poubelles pour collecter nos biodéchets.
Il faut savoir que le compost est aussi utilisé par notre classe nature de 6ème qui s’occupe d’un petit potager. Et la machine sert également de support à certains cours de sciences naturelles (SVT). Elle dynamise tout l’établissement, c’est un cercle vertueux.
Laurent Georges Attention, nous ne travaillons pas que sur le compostage des déchets alimentaires. Notre établissement trie près de 50 000 canettes par an. À côté de ça, grâce à une association qui reconditionne nos ordinateurs pour des familles défavorisées, nous recyclons. On organise également des marches propres, 3 à 4 fois par an, pour nettoyer l’établissement et ses abords. Et ce n’est pas fini ! À l’avenir, nous souhaiterions installer des panneaux solaires.
« Tous ces projets ne peuvent se mettre en place sans l'appui des nouvelles générations. Comme Monsieur Delmas l’a souligné, elles sont vraiment investies ! Toutes leurs idées favorisent la transition écologique. » Laurent Georges
Lutter contre le gaspillage alimentaire dans les établissements scolaires est primordial. Grâce à la solution de compostage offerte par UpCycle pour valoriser les biodéchets, Elior accompagne les équipes et les élèves. Les objectifs ? Aider à comprendre l’importance du tri et agir en conséquence afin de réduire notre impact sur la planète.
